Avec la précision d’un sociologue du politique, Nicolas Pariser met en scène le quotidien d’un cabinet politique, censé contenter les demandes du maire et contribuer à l’efficacité des actions menées dans le cadre municipal. À ce sujet, aucune dimension du travail politique n’est éludée, ou épargnée : de la fatigue ressentie face à l’hyper-rationalisation de l’action publique, à l’absurdité de certains projets de développement territorial en passant par la violence des relations de pouvoir entre conseillers politiques, le réalisateur évoque des sujets complexes, profondément d’actualité. Dans Alice et le maire, le spectateur est invité à s’interroger sur l’absence de « récit » à gauche, à questionner les impasses du « progrès », à envisager « l’impuissance » et la nécessité de la « modestie » en politique. Pariser décrypte le quotidien, les satisfactions, la solitude aussi, de ces métiers au fond peu connus des citoyens.
Profession collaborateur d’élu
À travers l’intronisation de l’espiègle normalienne en politique, Alice et le maire présente le métier de collaborateur de cabinet avec un grand réalisme. Les dimensions de cette profession sont ici passées au crible. On y découvre l’obligation d’être à la disposition de l’élu, jour et nuit. On y observe les mélanges de la vie publique et privée. On y perçoit, plus saillantes que jamais, les contraintes de la communication politique moderne (concision, réactivité, intelligibilité… ).
On y comprend, enfin, que si les universitaires et les représentants politiques manient les idées, ils n’ont pas la même vocation. Car si les intellectuels cherchent à développer des raisonnements sur le monde, les politiques ont quant à eux vocation à transformer la nature même de la société. Dans une chronique parue sur le film pour le pure-player AOC, le politiste Rémi Lefebvre rappelle ainsi que selon « le critique d’art américain Harolds Rosenberg […]